09/09/2007

Tongs

Aujourd’hui j’ai acheté des tongs. Ici tout le monde se ballade avec des tongs et j’ai vite compris pourquoi. Quand à peine après avoir quitté mon appart et marché quelques instants dans les magnifiques rues de mon quartier, j’ai entendu un splash spongieux redondant, accompagné d’une odeur putréfiante et relativement insoutenable. Alors que mes chaussettes ne font déjà plus qu’un avec mes semelles, je m’attaque à un lèche vitrine intéressé afin de résoudre au plus vite ma condition désastreuse. Trois jours plus tard peut être quatre, après avoir épluché toutes les « zapaterias » du centre ville en vain, je me résigne presque à marcher pieds nus. Toutes les raisons ont été bonnes pour faire obstacle à ma malheureuse quête : moches, raison n°1; plus à ma taille raison n°2; trop chères évidemment en n°3 ; mais aussi brillantes, sculptées, épaisses, raides, de mauvaise qualité, pour en revenir à moches, plus à ma taille et trop chères. Comme je le disais donc je déclarais forfait. Aujourd’hui après avoir accompagné Camille à son nouveau « chez-soi », après avoir passé un demi coup de balais dans sa future chambre, et bien entendu après avoir fait une méga allergie à cette foutue poussière espagnole, bien plus agressive que sa cousine française, je prend congé. De multiples coups d’œil involontaires au travers des quelques vitrines exposant des chaussures sur ma route, j’arrive dans ma rue et je découvre une mini boutique avec une mini vitrine, dans laquelle se battent en duel un T-shirt, une ceinture, et une paire de tongs à 38 Euro. « Mazette, me dis-je silencieusement, Y-en a qui se font pas suer pour deux plaques de bois et une ficelle pour séparer le gros orteil de ses copains… » Pour je ne sais quelle raison j’entre tout de même dans cette mini tienda pseudo-design peinte en blanc et noir, vous voyez le genre. La vendeuse me parle direct en Anglais avant même que j’ai pu dire « Holà !!». Je lui décris l’objet de ma venue (je commence à savoir le dire, ça fait une semaine que c’est l’objet de toutes mes venues). Elle me montre une paire très sobre, très chic à porter avec pantalons ou autre, pour la maudite somme de 25 Euro… « No, No, No ! » me dit la vendeuse, sans savoir si c’est de l’anglais ou de l’espagnol, « Hoy estan rebajados a 15 Euros » (oui, ici on accorde le mot invariable « Euro »). Génial, l’affaire est close. Close en bas de chez moi, alors que j’ai marché des kilomètres pour les trouver !!
Mais voyons le côté positif de la chose, je connais le centre ville de Madrid par cœur, ou du moins très bien.


Mais si je vous parle de cette passionnante histoire, c’est parce que j’en suis arrivé à une pensée philosophique au sujet de ma personne. Mes nouvelles tongs sont en effet très jolies, mais fort peu agréables pour le moment, la raideur de leur lanière m’irrite les pieds. Je les ai pourtant achetées en connaissance de cause. Ne serais-je donc pas le genre de personne qui privilégie l’esthétique au confort, et dans la continuité des choses, la plastique au pratique. Après mûre réflexion, si, je suis tout à fait ce genre de personne et cet achat douloureux en est la preuve parce qu’il est à mes yeux un très bon achat. Je suis donc face à une situation qu’il me faudra surveiller notamment dans la réflexion architecturale, car il est hors de question que ma production dans le domaine, si elle existe un jour, soit altérée par un quelconque manque d’attention à l’égard du confort et du pratique. Sur cette pensée profonde et cette résolution je vous laisse…

5 commentaires:

Arthur a dit…

C'est important, d'avoir des jolies tongs :D

Mal aux pieds, c'est tout à fait secondaire.

Anonyme a dit…

"privilégier l’esthétique au confort"

La Villa Savoye en gros...

Tu dois être le fils spirituel de Corbu.
Ce qui peut être inquiétant ou rassurant, à toi de voir.

Anonyme a dit…

et pour la petite histoire j'ai cru lire sur le site de l'académie française que "euro" n'est pas du tout invariable, il s'agirait d'une légende urbaine :)

Charles a dit…

Fils spirituel de Corbu, certainement pas, si un jour j'ai une carrière, on m'appellera Mies Van D'murzeau.

Pour Euro(s) je te fais confiance, je n'avais de toutes façons jamais compris l'interet de ne pas l'accorder, alors même que les francs n'étaient pas invariables. Je dirais à mes amis de Paris que leur légende est bien urbaine...

Kayvan a dit…

Mies Van D'murzeau...Oulala, même expatrié, le Dieu du jeu de mot veille sur toi! (en même temps ca m'a fait marrer...lol)